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Vincent Touzet

Gérant de la Boucherie Touzet

Ancien commercial à l’international, le voilà boucher

 

Après 10 ans de négoce à l’international, Vincent Touzet a finalement trouvé sa voie : la boucherie. A la recherche d’authenticité et de proximité, il s’épanouit à présent au contact des consommateurs sur le marché de Talensac.

9 français sur 10 ressentent le besoin de changer de vie, de redonner du sens à leur travail. Vincent Touzet l’a fait. “J’avais un besoin pressant de travailler de mes mains et non de ma tête” confie-t-il. Il y a dix-huit ans, le quinquagénaire a troqué le costume de commercial contre le tablier d’artisan boucher. Après un CAP Boucherie, il a renoué avec ses valeurs et s’est installé sur le marché de Talensac. Réception des viandes, transformation, découpe, désossage, préparation de la boutique et vente sont divers aspects du travail de Vincent Touzet. Accompagné de son équipe, Vincent Touzet effectue l’ensemble de son travail dans sa boutique sous les halles.

Tout débute, au début des années 90 où Vincent Touzet se lance dans les études. Après un BTS Commerce International et une classe préparatoire pour école de commerce, il devient commercial à l’international en 1995. Dans le négoce d’articles sanitaires, le jeune diplômé voyage dans le monde entier. Pendant 10 ans, il est chargé d’acheter des produits dans les pays d’Europe de l’Est et d’Asie pour les revendre par la suite en France et ses pays frontaliers. Dans les années 2000, il ressent un besoin de changer de carrière. Il reprend donc ses études et apprend le métier de boucher. Près de 18 ans plus tard, on le retrouve sur le marché de Talensac, où il a ouvert la Boucherie Vincent Touzet.

Vincent Touzet entame alors un CAP en un an en boucherie. Tournée majoritairement vers la technique, la technologie et la pratique, la formation ravi l’ancien commercial. Elle lui permet de passer l’étape de l’apprentissage et se retrouver rapidement sur le monde du travail. Reprendre ses études, après une décennie passée dans une profession, “a apporté son lot de doutes”. Les métiers de l’artisanat, même s’ils sont “stimulants et répondent à une réelle demande,” nécessitent “une motivation solide”. Au quotidien, des gestes peu valorisants doivent être effectué, comme le nettoyage, le désossage ou la découpe par exemple, pour un résultat financier qui n’est pas à la hauteur des espérances. L’énergie que l’on apporte, pour une rémunération peu importante en vaut-elle la peine ? Oui, pour Vincent Touzet car il “avais une grosse satisfaction à être, à [se] sentir enfin chez [lui] dans [son] domaine d’activité.”

 

Un parcours complet

Désormais Boucher, chef d’entreprise et président de l’Association des Commerçants du Marché de Talensac, cet homme de 53 ans a vécu diverses expériences qui l’ont forgé. Il reconnaît l’intérêt de la démarche, en tant que commercial. Cette période lui a apporté de l’aisance à l’oral, une capacité d’adaptation et la connaissance de logiciels. D’un autre côté, elle a déclenché une prise de conscience chez Vincent Touzet. Son ancien métier le poussait à “aller toujours plus loin”, négocier auprès des fournisseurs et distributeurs des produits “toujours moins chers” et de “toujours moins bonne qualité et ainsi à participer malgré lui à “l’exploitation des pays moins développés, à des conditions de travail immorales et à l’incitation à la vente”.

La boucherie s’est immiscée discrètement dans ses pensées par une demande humoristique de sa femme. Elle travaillait alors dans la grande distribution et était excédée par les bouchers de son établissement, qui ne travaillaient pas correctement. Elle a alors fait rire son mari en lui proposant de devenir boucher à leur place. Mais plus le temps avançait, plus cette pensée s’insinuait dans l’esprit de Vincent Touzet. A cette étape de sa vie il recherchait “de l’authenticité, de la proximité, du produit local [et] à travailler de ses mains.” Famille commerçante, père vétérinaire et grand-père cordonnier, l’ancien commercial a grandi dans un environnement favorisant le commerce de proximité, la valorisation des élevages et le travail artisanal. “J’ai une proximité au terroir et à la ferme qui me touche énormément.” Naturellement, la boucherie s’est ainsi imposée.

 

Une reconversion gratifiante

Aujourd’hui, Vincent Touzet travaille “de [ses] mains, accueille [ses] clients, écoute leurs attentes, y répond [et] maîtrise le processus de production”. “Après avoir vécu l’inverse, avoir été obligé de mentir à ses clients sur les délais de production, de négocier les prix auprès des fournisseurs et distributeurs et de forcer à l’achat”, Vincent Touzet se sent soulagé. “Je me sens parfaitement légitime dans le travail que je fais aujourd’hui légitime à la fois dans vis à vis des éleveurs dont je fais en sorte de respecter au mieux le travail et les produits qui nous propose et légitime dans tout ce que l’on peut proposer aux clients.” Son ancienne profession lui a apporté des compétences utiles dans la relation qu’il a avec ses clients, pour les accueillir ou faire face à leurs remarques, avec ses partenaires et dans la gestion de son entreprise. Il garde finalement quelques liens avec son ancienne vie, ayant trouvé un équilibre entre ses valeurs et ses connaissances.