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Jean-Louis Martin, Victor & Imran

Garage Renault

Imran 15 ans, réfugié afghan et apprenti mécanicien surmotivé

 

Jeune afghan arrivé en France, Imran vient d’effectuer un stage au garage Zola à Nantes, pour autant il reste sous le risque d’une expulsion à ses 18 ans. Son patron de l’autre côté témoigne de son envie de réussir, dans un métier où il est parfois difficile de trouver des jeunes motivés.

« Avoir des gens motivés quelles que soient leurs origines, c’est ça le plus important » c’est en tout cas la philosophie de Jean Louis Martin, gérant du Garage Zola à Nantes. C’est pourquoi il a pris la décision de prendre en apprentissage Imran, réfugié afghan âgé de 15 ans. Ce dernier était en recherche d’un stage dans le domaine de la mécanique, qu’il a finalement l’occasion de réaliser au garage Renault. Après deux semaines passées au côté de Victor, son maître de stage, il se voit offrir l’opportunité d’effectuer un apprentissage.

 

« J’aimerais bien ouvrir un garage comme chef mécanicien »

 

C’est au collège Claude Debussy, il y a deux mois, que Imran a eu le déclic en rencontrant un garagiste. Tout de suite il a le désir de réaliser un stage en mécanique auto. Puis, grâce à l’association nantaise de commerçants UNACOD, il est mis en relation avec le garage Zola qui lui permet de réaliser un stage de deux semaines en son sein. Un stage durant lequel son maître d’apprentissage, de plus de 40 ans de carrière, le met à l’épreuve en lui faisant remplacer un balai d’essui glace. « Il a su le faire sans avoir travaillé dans l’automobile » provoquant alors l’étonnement de Victor, qui voit en lui un jeune motivé au fort désir de s’en sortir. C’est ce qui pousse Jean Louis Martin à prendre Imran en apprentissage à partir de septembre prochain pour une période de 2 ans.

 

Une soif d’apprendre et des rêves plein la tête

 

Imran est arrivé sur le sol français il y a 4 ans, après un parcours de vie difficile. Il a alors des rêves plein la tête mais surtout une soif d’apprendre qui transparaît à chaque instant. Que ce soit pour perfectionner son français chaque soir, aller à l’école depuis six mois après n’avoir jamais eu l’occasion de le faire en Afghanistan, ou encore s’impliquer entièrement dans son stage ; Imran a toujours l’envie de faire. « J’aimerais bien ouvrir un garage comme chef mécanicien » s’enthousiasme-t-il, inspiré par ce qu’il découvre lors de son apprentissage. « Un de mes autres rêves serait de devenir champion de boxe » ajoute-t-il débordant de motivation.

 

L’importance de former des jeunes motivés

 

De l’autre côté, le garage lui permet de se projeter dans le futur et c’est là sa source de motivation. Pour le gérant, Jean Louis Martin prendre Imran en apprentissage « ce n’est pas donner plus de chances qu’à certain, si le personnage est motivé quelle que soit sa situation, c’est ce qui importe » montrant que cela va au-delà des origines, et. Avec 70 ans d’existence, ce garage issu d’une histoire familiale, emploie aujourd’hui 10 à 12 personnes. « On fait de l’apprentissage depuis le début pour avoir de bons éléments » explique Jean Louis Martin. La transmission et l’apprentissage prennent pour lui une grande importance au sein de l’entreprise et permettent d’embaucher des gens compétents. « L’école est une chose mais apprendre le métier manuel au pied du mur est très important » fait remarquer Victor, formateur depuis le début des années 2000. Face à des métiers manuels qui parfois manquent de valorisation, ils constatent un manque de motivation quand les jeunes ne se sentent pas forcément concernés par ces métiers. « Quelle que soit leurs origines, il y a beaucoup des jeunes aujourd’hui qui ne savent pas trop quoi faire, par défaut certains se tournent vers ces métiers-là » explique Jean Louis Martin. Néanmoins le manque de motivation ou d’engagement de certains est un frein, là où la motivation des autres fait la différence.

 

Une boucle qui se ferme

 

Victor voit une boucle qui se ferme avec Imran puisqu’il se retrouve en lui.  Lui aussi, immigré d’origine portugaise, Victor arrive en France à l’âge de 8 ans, ne connaissant alors aucun mot de français. Puis à l’école, entouré et intégré par ses camarades il apprend la langue et l’écriture. « Dès lors qu’on est entouré par des gens qui sont prêts à vous ouvrir leur porte et leur cœur, je pense que je peux donner, à mon tour, une chance à Imran » déclare-t-il. Face au risque que Imran soit expulsé du territoire français à ses 18 ans, Victor a pour désir de lui offrir la meilleure des formations « je souhaite m’occuper d’Imran comme j’aurais souhaité qu’on s’occupe de moi ».  Pour lui, il faut donner sa chance à Imran puisqu’il retrouve chez le jeune garçon les valeurs qui lui sont chères : l’honnêteté, l’autonomie et la volonté d’aller de l’avant. Ce formateur explique qu’avoir Imran en apprentissage est « plaisant » et un « aboutissement ». Il conclut, la voix prise par l’émotion, qu’il pourra au terme de l’apprentissage se dire : « Finalement, j’ai servi à quelque chose. »